Le ronronnement : origine et fonctions
đQuâest-ce que le ronronnement ?
Classiquement associĂ© Ă la notion de âplaisirâ, le ronronnement est une vocalise qui est en rĂ©alitĂ© produite dans une grande variĂ©tĂ© de contextes, la plupart impliquant un contact entre le chat et un humain ou un congĂ©nĂšre familier.
Les chatons ronronnent quasiment dĂšs la naissance, et le font principalement lorsquâils tĂštent, ce qui inciterait la mĂšre Ă maintenir lâallaitement et les soins. Le ronronnement est trĂšs commun dans les interactions entre chats et humains ; il est moins frĂ©quent entre congĂ©nĂšres adultes, mais il peut apparaitre entre partenaires familiers et on peut lâobserver lorsque les chats se roulent ou se frottent Ă des objets inanimĂ©s.
Contrairement aux idĂ©es reçues, cette vocalise se manifeste aussi dans des situations de souffrance : lorsque les chats sont stressĂ©s, malades, pendant un accouchement difficile etc. et mĂȘme Ă lâagonie.
Cette réaction permettrait aux chats de secréter des endorphines, ce qui atténuerait leurs états anxieux et leur douleur.
Sans que lâon puisse expliquer le « comment », certaines Ă©tudes ont mis en Ă©vidence que les vibrations du ronronnement aideraient les chats Ă rĂ©parer leurs tissus lĂ©sĂ©s (muscles, tendons, articulations ou os fracturĂ©s). Le Dr Thierry Bedossa note que : « Les chats se rĂ©tablissent bien plus vite et avec moins de sĂ©quelles que les chiens. De plus, lâostĂ©oporose, câest Ă dire la perte de masse osseuse, qui touche toutes les femelles de mammifĂšres Ă la mĂ©nopause, affecte trĂšs peu cette espĂšce en comparaison des autres ».
đComment est produit le ronronnement ?
Deux hypothĂšses :
1) La chaĂźne hyoĂŻde, qui est une chaĂźne dâos et de muscles, produirait le ronronnement en vibrant, possiblement sous lâaction de lâair qui passe dans la gorge de lâanimal lorsquâil respire.
2) Certains muscles feraient palpiter la veine cave, pulsation qui, accentuée dans les bronches, la trachée et les sinus du chat, engendrerait le ronronnement.
En rĂ©sumĂ©, le mĂ©canisme Ă lâorigine de cette vocalise est encore mal compris.
đQuels sont les effets sur le chat ?
Le ronronnement se traduit par une vibration et le volume du thorax module la tonalitĂ© du son. Ainsi, plus le chat a un gros gabarit, plus le son de son ronronnement est grave, et vice versa. Mais tous sont Ă©mis Ă de trĂšs basses frĂ©quences (entre 20 et 140 Hertz), soit Ă peu prĂšs les mĂȘmes que celles du ronflement humain (entre 30 et 200 Hz). Le chat perçoit ces basses frĂ©quences grĂące Ă des rĂ©cepteurs situĂ©s dans sa peau (les « corpuscules de Pacini »). Ces dĂ©tecteurs transforment les vibrations en impulsions Ă©lectriques et les transmettent au cerveau, lequel y rĂ©pond en secrĂ©tant des endorphines. Les endorphines ont des propriĂ©tĂ©s analgĂ©siques (attĂ©nuent la douleur) et procurent une sensation de plaisir, de bien-ĂȘtre voire dâeuphorie. Les humains aussi en produisent lors dâefforts physiques, dâexcitation intense comme au moment de lâorgasme ! Le chat secrĂ©terait Ă©galement au cours du ronronnement de lâocytocine, qui a des vertus apaisantes, et de la sĂ©rotonine, impliquait dans la qualitĂ© du sommeil.
đEt sur lâhumain, quels sont ses effets ?
Notre peau contient aussi des corpuscules de Pacini, rĂ©cepteurs qui captent de la mĂȘme façon les vibrations du ronronnement et conduisent Ă la mĂȘme sĂ©crĂ©tion dâendorphines, de sĂ©rotonine et dâocytocine par notre cerveau, entrainant des effets apaisants. Les effets positifs des frĂ©quences trĂšs basses ont Ă©tĂ© avĂ©rĂ©s depuis longtemps chez lâhumain. Les mĂ©decins du sport et kinĂ© sâen servent avec succĂšs pour consolider des fractures, traiter des tendinites ou lâarthrose. Dâautres scientifiques, subventionnĂ©s par la Nasa, planchent mĂȘme sur la possibilitĂ© dâutiliser des vibrations Ă basses frĂ©quences pour enrayer la perte de densitĂ© osseuse que subissent les astronautes (2 % par mois dans lâespace). NB : Ă voir comment le mettre en place sans envoyer de pauvres matous dans lâespace !
Il semblerait que le ronronnement participe aux bienfaits physiques et psychologiques rapportĂ©s par les propriĂ©taires de chats qui sont moins sujets Ă lâanxiĂ©tĂ©, Ă lâhypertension et aux complications cardiovasculaires (type infarctus) ; enfin cela pourrait contribuer Ă renforcer lâimmunitĂ©.
Ces donnĂ©es ont conduit au dĂ©veloppement de compiles de « ronrons » et dâapplications comme iJetlag visant Ă rĂ©duire la fatigue liĂ©e au dĂ©calage horaire, ou encore de cafĂ© Ă chats et de ronronthĂ©rapies !