Nouveau café étho par Sarah Jeannin, docteure en éthologie, qui offre un éclairage sur les définitions de l’agression et de la prédation.
Distinguer ces deux notions, dont les objectifs s’opposent, est essentiel pour interpréter le comportement d’un animal et y répondre de manière adéquate.
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Agression et prédation, quelles différences ?
La prédation est l’un des modes d’alimentation des espèces carnivores. La prédation correspond à un une série d’actions qu’on appelle des patrons moteurs, visant à capturer une proie en vue de la consommer et liés au patrimoine de l’espèce.
Ainsi, les finalités de l’agression et de la prédation sont totalement opposées. Quand l’objectif de l’agression est de mettre à distance un individu, le but de la prédation est de se rapprocher de la proie, pour la capturer.
De plus l’agression est un moyen de communication, ce qui n’est pas le cas dans la prédation. L’agression implique des émotions comme la peur ou la colère, tandis que la prédation n’est pas motivée chez les carnivores par un état émotionnel particulier, mais par une motivation alimentaire.
Toutefois, la prédation dans l’espèce canine est particulière car d’une part les chiens ne chassent plus pour se nourrir, ils sont nourris par nos soins et les chiens errants se nourrissent des déchets humains, principalement. Les chiens qui chassent sont des auxiliaires pour le chasseur, c’est-à-dire que l’humain a modifié artificiellement la séquence de prédation initiale pour conserver ou inhiber tout ou en partie les comportements qui l’intéressent : s’orienter, fixer, poursuivre, attraper, éventuellement secouer et mettre à mort. Tout dépend de la race et de sa fonction ! Par exemple les chiens de traque vont mettre à mort, tandis que les retrievers vont rapporter le gibier sans l’abimer par exemple, on les appelle les gueules douces. Les chiens de berger quant à eux doivent fixer, poursuivre, dans l’objectif de guider le troupeau mais ne surtout pas blesser les bêtes.
Ce qui déclenche la séquence de prédation est le mouvement de l’objet ou de l’individu. Les comportements de prédation sont auto-renforçant : plus il le fait, plus il va aimer le faire ! Et le chien peut bien-sûr y avoir du plaisir chez le chien à présenter ces comportements de prédation.
On entend souvent parler d’agression par prédation ce qui est un non-sens au vu des définitions éthologiques.