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La co-évolution de nos systèmes de communication

Pour ce nouveau café étho, Sarah Jeannin nous parle de l’évolution de nos systèmes de communication au cours de la domestication.

Les animaux de compagnie occupent une place de plus en plus importante au sein de nos foyers. Cette cohabitation a conduit à des ajustements mutuels dans nos systèmes de communication afin de faciliter nos interactions.

Les études en éthologie ont montré par exemple que :

👉les chiens utilisent des expressions faciales spécifiques dans leurs interactions avec l’humain ;

👉de même, ils ont appris à regarder l’humain dans les yeux pour solliciter son aide, comportement qu’ils évitent lorsqu’ils interagissent avec des congénères ;

👉ensuite, les chiens de compagnie aboient plus fréquemment que les chiens errants et présentent des caractéristiques vocales différentes, un phénomène qui serait lié à la fois au processus de domestication mais aussi à la sélection artificielle intensive réalisée sur les races de chiens actuelles.

Similairement,

👉les chats de compagnie utilisent principalement le miaulement dans leurs interactions avec l’humain, un moyen efficace d’attirer son attention, tandis que ce type de vocalisation est rare entre congénères.

👉Les miaulements des chats de compagnie sont par ailleurs jugés plus agréables par des auditeurs n’ayant aucune expérience des vocalisations de chats, par rapport à celle de leur ancêtre sauvage (F. s. Libyca).

👉Un autre exemple est celui du ronronnement, très fréquent dans la communication avec l’humain, mais qu’on retrouve très peu dans les interactions entre congénères adultes, à l’exception des individus familiers.

Une équipe de recherche anglaise a même montré que lorsque les chats réclament de la nourriture aux humains, ils incorporent à leur ronronnement des sons caractérisés par des fréquences aiguës, qui rappellent celles des pleurs de bébés humains. De cette manière, les petits félins induisent un sentiment d’urgence, qui conduirait l’humain à répondre de manière plus prompte à leurs sollicitations.

Parallèlement, l’humain a lui-aussi ajusté sa manière de communiquer avec l’animal de compagnie :

👉des recherches dont celles de Sarah Jeannin en 2017 et celles à paraître de Charlotte De Mouzon ont mis en lumière un mode de communication particulier, classiquement nommé le « pet-directed-speech », similaire au discours adressé aux nourrissons humains, caractérisés par une voix aigüe et modulée. Ce type de discours permettrait de capter et de maintenir l’attention et la motivation de l’animal,

👉hypothèse confirmée par l’imagerie cérébrale (IRM) qui montre que les intonations aiguës et modulées (amicales), contrairement au ton neutre, activaient le système de la récompense dans le cerveau du chien.